La mairie de Paris a récemment annoncé sa décision de s’opposer à la prolifération des publicités numériques derrière les vitrines. Ce phénomène nouveau, en cours de déploiement massif, abuse d’une dérogation faite aux vitrines commerciales dans le cadre des réglementations sur la publicité. Pour le Collectif Plein la Vue, qui milite depuis trois ans pour une réduction de la pression publicitaire sur le territoire de la Métropole de Lyon, cette initiative parisienne doit inciter les élus du Grand Lyon à être davantage pro-actifs et passer la seconde en matière de protection contre la prolifération publicitaire.
Les vitrines commerciales parasitées par des opérateurs publicitaires
Des sociétés comme Exterion Média ou Phenix se sont spécialisées dans l’exploitation d’une faille du code de l’environnement concernant les vitrines commerciales. Celles-ci sont exemptées des règles encadrant la publicité extérieure (sous certaines conditions) et exonérées de la Taxe Locale sur la Publicité Extérieure. Pour Gabrielle Joint, co-présidente du collectif Plein la Vue, « la multiplication des écrans derrière les vitrines est facilement identifiable sur la Métropole de Lyon, c’est effrayant. De jour comme de nuit, ces écrans diffusent de la publicité pour des produits qui, d’ailleurs, n’ont rien à voir avec le commerce concerné, comme par exemple un marchand de vin avec de la publicité pour un yahourt au bifidus actif ».
Ainsi à Lyon, comme dans le reste de la France, ces sociétés publicitaires sont en train de déployer leurs écrans dans les vitrines des commerces, notamment ceux de proximité. En usant de cette dérogation qui ne leur était pas destinée, les publicitaires concernés vont à l’encontre des objectifs de protection du cadre de vie issus des textes législatifs et réglementaires. Mais, plus grave, tout ceci se fait au mépris de l’environnement, de la santé publique et du commerce de proximité avec le risque de voir se déployer derrière chaque vitrine des écrans publicitaires numériques que plusieurs communes de la Métropole ont pourtant décidé de ne pas autoriser.
L’inutilité et les méfaits de ces écrans publicitaires
De manière générale, les écrans publicitaires numériques sont rejetés par 97% des habitants du Grand Lyon (selon l’étude réalisée avec l’UCIL en Février 2019), engendrent une pollution environnementale conséquente (pollution lumineuse, gabegie énergétique, usages de matériaux rares…) et sont la source de problématiques sérieuses de santé publique, notamment sur les enfants (surexposition aux écrans inévitables malgré les partis-pris des familles en matière d’éducation), tout comme de sécurité routière. En matière commerciale, une étude préalable du collectif Plein La Vue met en lumière le fait que ces écrans servent extrêmement peu les activités des commerçants qui les accueillent. Ce déploiement relève d’une forme de colonisation publicitaire des vitrines, un détournement de leur fonction initiale, au détriment de l’activité du site qui perd en surface d’exposition.
Pour Anthony Geoffroy, co-président du collectif Plein la Vue « ce phénomène représente un risque de dégradation substantielle de la qualité de nos villes et de notre cadre de vie. Sur la commune de Lyon, où l’on trouve près de 4000 vitrines commerciales, le risque est de voir se multiplier le nombre de supports publicitaires par 2 ou 3. Tout l’inverse des objectifs de dé-densification affichés par les pouvoirs publics. Ces entreprises cherchent à parasiter nos rez-de-chaussée et à les transformer en supports publicitaires. Plus de trois mois après les élections municipales, il est largement temps que des mairies comme celles de Lyon et Villeurbanne, qui ont annoncé des programmes ambitieux en matière de régulation de la publicité, prennent le sujet au sérieux et s’opposent à ce déploiement qui va vraiment dégrader notre quotidien. Il y a une forme d’urgence ».
Plein La Vue appelle les pouvoirs publics à agir face à ce problème grandissant
Le collectif Plein La Vue demande donc aux communes de la Métropole, et notamment aux mairies de Lyon et Villeurbanne, de prendre part au combat juridique contre ce phénomène. Elles peuvent le gagner en démontrant comment ces écrans détournent la nature et la fonction des vitrines commerciales. Elles doivent dès aujourd’hui, et par ailleurs, sanctionner et faire retirer les dispositifs en infraction évidente avec la loi comme certains écrans occultant des vitrines et offrant un accès autonome depuis la rue à l’opérateur ou encore les fenêtres d’immeubles pour y installer des écrans publicitaires comme on peut malheureusement l’observer place Tolozan, à Lyon.
Nous appelons également les députés et sénateurs du Rhône à porter au Parlement le sujet des écrans publicitaires, et notamment de ceux installés derrière les vitrines, pour renforcer et clarifier la loi à leur encontre.