« Quelle place pour la publicité dans l’espace public ? » – Retour sur la conférence-débat du 9 avril

Le 9 avril, une conférence débat a eu lieu à la Maison Pour Tous des Rancy sur la place qu’occupe la publicité dans nos villes. Khaled Gaiji, porte-parole du groupe Résistance à l’Agression Publicitaire (RAP), Lucille Lheureux, ajointe à la mairie de Grenoble, Yvette Bailly, du Mouvement pour une Alternative Non violente (MAN), et Benjamin Badouard, représentant le collectif Plein La Vue, ont pris la parole.

Plus d’une soixantaine de curieux sont venus assister au débat et poser des questions sur le sujet. Le contenu des échanges a été fort enrichissant, et les questions qui suivirent furent nombreuses.

Khaled Gaiji a pris la parole pour commencer, en rappelant les raisons pour lesquelles son groupe s’oppose à la publicité dans l’espace public. D’après lui, la publicité représente une agression par sa quantité (nous recevons entre 1200 et 2200 messages publicitaires par jour), mais également par son contenu qui frustre, manipule l’inconscient, et a de lourdes conséquences écologiques.

RAP cherche à agir sur la place qu’elle occupe dans l’espace public et sur les transports en commun au nom de la liberté de réception. Il s’appuie entre autres sur les Règlements Locaux de Publicité, documents d’urbanisme servant à la réguler et ne pouvant être que plus restrictifs que la loi. En effet, sensibiliser les élus au niveau local est une tâche plus aisée qu’avoir une influence au niveau national.

Ce fut ensuite au tour de Yvette Bailly, du MAN, de parler. Elle a exposé les raisons pour lesquelles son mouvement a choisi de mener une campagne visant à interdire les publicités pour les enfants à la télévision. La publicité nuit à la santé et à l’éducation des enfants, nie leur liberté de choix, et représente un danger pour l’autorité parentale. En effet, 76% des demandes d’achats chez les enfants de 4 à 6 ans sont en lien avec la publicité. Elle a également rappelé que s’il y avait 2 minutes de publicité par jour à la télévision en 1968, on en arrive aujourd’hui à 144 minutes par tranche de 24 heures. Cette campagne, débutée en 2008, s’est achevée avec succès en 2016. L’appui de quelques hommes politiques, mais surtout d’associations de parents et d’associations sanitaires, s’est avéré fort précieux.

Lucille Lheureux, adjointe au maire de Grenoble, ville où la publicité a été quasi supprimée des rues, s’est ensuite exprimée. La ville de Grenoble a simplement choisi de ne pas renouveler le contrat avec les annonceurs, sans avoir encore modifié le RLPI. En effet, le RLPI est un document d’urbanisme dans le cadre duquel est édité un contrat. Contrat et RLPI sont donc deux documents bien différents.

Elle a rappelé que, contrairement à ce que l’on pourrait croire, la suppression de la publicité en centre-ville redynamise le commerce local en ne redirigeant pas les badauds vers les centres commerciaux. De plus, un commerce local n’aura pas besoin de faire de publicité si son concurrent n’en fait pas. Puisqu’il est nécessaire d’aider les gens à se projeter dans la vision de la ville future et de sortir de la pure posture « antipublicité » pour les convaincre, elle a présenté l’usage que la municipalité grenobloise a fait de l’espace gagné par la suppression des panneaux – arbres plantés avec un beau mobilier urbain, création de jardins, fossés de plantations etc.

La suppression de la publicité ne signifie néanmoins pas la fin de l’information. Ainsi, des emplacements réservés à l’information municipale, culturelle et associative sont installés dans les lieux de rencontre, des murs aveugles réutilisés à cet effet.

Pour finir, Benjamin Badouard a présenté la raison d’être du collectif Plein La Vue – une baisse de la pression publicitaire sur le territoire du Grand Lyon – , son identité – a-partisan, rassemblant des associations et des citoyens de tous bords – et les actions qu’il a déjà entreprises.

Dans la discussion qui a suivi, public et participants sont longuement revenus sur la question de la distinction entre contrat passé avec l’annonceur et RLPI. Ils ont également évoqué la forte baisse depuis une décennie de la publicité dans les rues de Villeurbanne où le RLP est assez restrictif, les effets néfastes de la lumière dégagée par les panneaux, la question de la publicité sur les échafaudages, la question de la publicité au sol etc.

La conférence terminée, les conversations se sont poursuivies autour d’un buffet dressé pour l’occasion… Une belle soirée, avec un public venu nombreux. À refaire !